Il y a 80 ans, la joie était à son comble alors que les premiers blindés américains parcouraient les rues de Chéry-lÚs-Pouilly désormais libérée du joug nazi.
Ce jour tant de fois rĂȘvĂ©es, les ChĂ©risiennes et les ChĂ©risiens lâavaient attendu durant quatre ans. Quatre annĂ©es oĂč, aprĂšs avoir Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre des combats menĂ©s par la 4e division cuirassĂ©e du colonel de Gaulle en 1940, il fallut supporter les rigueurs de lâoccupation.
Dans la peur des rĂ©quisitions et des persĂ©cutions, ils apprirent Ă survivre, malgrĂ© lâabsence dâun pĂšre, dâun oncle, dâun frĂšre, prisonnier en Allemagne ou requis pour le Service du Travail Obligatoire instaurĂ© par le rĂ©gime de Vichy.
Si une poignĂ©e a choisi de collaborer, des hommes et des femmes vont aussi dire non Ă cette oppression, et rĂ©sister au pĂ©ril de leur vie pour voir un jour la France libĂ©rĂ©e de lâoccupant. Certains y laissĂšrent courageusement la vie, tel RenĂ© LIEBERT, mĂ©daillĂ© de la RĂ©sistance nĂ© Ă ChĂ©ry-lĂšs-Pouilly, mort en dĂ©portation en 1945.
En ce jour, nous ne saurions en effet Ă©voquer la LibĂ©ration de ChĂ©ry-lĂšs-Pouilly sans Ă©voquer ceux qui ĆuvrĂšrent, dans lâombre puis au grand jour, afin quâelle se rĂ©alise.
Ils sâappelaient AngĂ©lique DENISART, Paul DUME, LĂ©on LAVIGNE ou encore RenĂ© POINTIER.
Ils sâappelaient aussi Arthur COUSIN, Marceau LAPLACE, RenĂ© DUFOUR, Pierre Jules LAMBERT, Henri Fernand LAMBERT, Paul Etienne KIEFER ou encore Jean LĂ©on LANNEZ.
Conduit par Gabriel LAMBERT, 41 ans, le groupe de ChĂ©ry-lĂšs-Pouilly participa Ă toutes les actions du Groupement B des Forces Françaises de lâIntĂ©rieur afin dâouvrir la voie aux troupes alliĂ©es durant lâĂ©tĂ© 1944 : sabotages, paralysie du systĂšme routier, attaque de colonnes en repli, ils capturĂšrent ainsi plusieurs vĂ©hicules et soldats allemands.
MĂ©canicien, manĆuvrier, conducteurs de tracteurs, stagiaire agricole, ces rĂ©sistants furent avant tout, il y a 80 ans, des combattants de la LibertĂ©, et nous devons leur rendre hommage au mĂȘme titre que nos libĂ©rateurs amĂ©ricains.
188 hommes et femmes furent tuĂ©s dans lâAisne dans des actions de rĂ©sistance entre juin et septembre 1944, et lâon ne peut en effet que saluer lâhĂ©roĂŻsme dont fit preuve cette poignĂ©e de rĂ©sistants dĂ©terminĂ©s Ă lutter jusquâĂ la mort pour la LibĂ©ration de notre pays.
Aussi permettez-moi, au nom du Conseil dĂ©partemental de lâAisne, de mâincliner devant la mĂ©moire des hommes et des femmes qui ont ĆuvrĂ© pour notre LibĂ©ration. Nous nâoublions jamais leur sacrifice.
Permettez-moi également de remercier Monsieur le Maire de Chéry-lÚs-Pouilly ainsi que toutes les personnes présentes à cette commémoration et saluer, avec le plus grand respect, toutes les familles des résistantes et des résistants dont le souvenir reste vivant dans nos mémoires.
Ainsi que le disait Pierre BROSSOLETTE dans son hommage aux morts de la France combattante le 18 juin 1943 : « Ce quâils nous demandent ce nâest pas de les plaindre, mais de les continuer. Ce quâils attendent de nous, ce nâest pas un regret, mais un serment. Ce nâest pas un sanglot, mais un Ă©lan. »
Nous sommes les dĂ©positaires de leur Histoire et nous devons Ćuvrer ensemble afin que les gĂ©nĂ©rations futures ne les oublient pas non plus.
Car transmettre et enseigner leur histoire, câest aussi tenter de faire en sorte que ce qui a causĂ© la guerre ne se reproduise plus, et que lâavenir des jeunes gĂ©nĂ©rations se construise non pas sur la haine, mais sur des valeurs de paix, de justice et de solidaritĂ©.