“Le savoir rend heureux, le savoir rend libre”, Michel Serres.
La Cité internationale de la langue française propose un parcours de visite immersif et innovant, qui nous plonge dans la grande aventure du français !
15 salles, 62 dispositifs de médiation numériques et 150 oeuvres.https://www.cite-langue-francaise.fr
UN DESTIN ROYAL
Un chùteau cher à François Ier
La renommĂ©e de la forĂȘt de Retz, dans lâAisne, ne date pas dâhier. En 632, Dagobert Ier y pratique dĂ©jĂ la chasse ! Les rois qui lui succĂšdent apprĂ©cient eux aussi sa richesse en gibier et y font construire une rĂ©sidence sans prĂ©tention.
La grande histoire du chĂąteau ne commence rĂ©ellement quâavec le futur François Ier, qui reçoit de son cousin le roi Louis XII le duchĂ© de Valois et le chĂąteau alors quâil nâa que 3 ans !
En 1528, quelques annĂ©es aprĂšs sa lourde dĂ©faite Ă Pavie en Italie, le souverain lance une sĂ©rie de chantiers, du Louvre quâil agrandit au chĂąteau Ă Fontainebleau quâil construit.
Pour sâadonner Ă son activitĂ© favorite, la chasse, symbole des Ă©lites, il Ă©rige un palais royal au milieu de la forĂȘt de Retz, la plus vaste de France Ă lâĂ©poque.
Villers-CotterĂȘts, qui nâest alors quâun village modeste, a aussi lâavantage dâĂȘtre le cĆur gĂ©ographique du duchĂ© de Valois, dynastie dont François Ier est issu.
Lâune des rares demeures royales de Picardie
Avec son dĂ©cor foisonnant, lâimposant chĂąteau rivalise avec les plus belles rĂ©alisations de son Ă©poque.
Chef-dâĆuvre de lâarchitecture de la Renaissance, la chapelle est la premiĂšre en France Ă rompre avec la tradition gothique. Signe de la puissance monarchique, les emblĂšmes du roi (salamandre, fleur de lys et initiales couronnĂ©es) remplacent dans ce lieu de priĂšre les symboles chrĂ©tiens.
Au fil du temps, les grands noms de lâarchitecture travailleront Ă Villers-CotterĂȘts, de Philibert Delorme (1514-1570), premier architecte du roi Henri II qui participera Ă la construction du Louvre, Ă AndrĂ© Le NĂŽtre (1613-1700), le cĂ©lĂšbre jardinier de Versailles qui transformera le parc Ă la demande de Philippe d’OrlĂ©ans, frĂšre de Louis XIV.
Villers-CotterĂȘts, cĆur battant du royaume de France
AffectionnĂ© par les rois de France, en particulier Henri II qui y chasse le cerf pendant sept ou huit heures dâaffilĂ©e, Villers-CotterĂȘts devient lors des sĂ©jours de la cour une sorte de capitale Ă©phĂ©mĂšre du royaume oĂč la politique se dĂ©cide.
En 1539, François Ier y signe une ordonnance historique pour, entre autres, imposer le français dans les actes administratifs et juridiques.
Henri II y prendra, lui aussi, dâimportantes dĂ©cisions politiques.
Ces sĂ©jours irriguent toute lâĂ©conomie de la rĂ©gion. Marchands, paysans, aubergistes et artisans sont appelĂ©s pour nourrir et servir la cour et ses invitĂ©s de prestige.
Lors dâun seul sĂ©jour de François II, on commande pas moins de « 219 poulletz et pigons », 10 cochons, « douze tourtezelles » et 94 chapons !
« Sâamuser comme Ă Villers-CotterĂȘts » : les fĂȘtes du chĂąteau de « Mon Plaisir »
Si le chĂąteau est le siĂšge de lâactivitĂ© Ă©conomique et politique du pays pendant les sĂ©jours des rois, il est aussi le thĂ©Ăątre de fĂȘtes. « Mon Plaisir », le surnom que François Ier aurait donnĂ© au chĂąteau, en est rĂ©vĂ©lateur !
Ces rĂ©jouissances et les fĂȘtes locales des siĂšcles suivants suscitent le dicton qui serait nĂ© au XIXe siĂšcle : « s’amuser comme Ă Villers-CotterĂȘts ».
Les Orléans, qui reçoivent le chùteau en apanage par Louis XIV en 1661, y mÚneront une vie de jeux, de conversations et de réceptions.
Louis XIV y sĂ©journe Ă plusieurs reprises, dont une fois Ă lâoccasion dâun bal masquĂ© en 1680.
Le RĂ©gent, Philippe II dâOrlĂ©ans, y organise une fĂȘte pour le sacre de Louis XV oĂč 1 000 invitĂ©s engloutissent 80 000 bouteilles de vin de Bourgogne et de Champagne et applaudissent 140 acteurs de lâOpĂ©ra.
Autre Ă©vĂšnement historique majeur, Ă la fois artistique et politique, en 1664, la troupe de MoliĂšre crĂ©e une nouvelle comĂ©die intitulĂ©e Le Tartuffe ou l’Hypocrite.
Bien quâapprĂ©ciĂ©e par le roi, Louis XIV, influencĂ© par lâarchevĂȘque de Paris, fait interdire les reprĂ©sentations publiques de la piĂšce. Ce qui ne l’empĂȘchera toutefois pas de la revoir en privĂ© avec une partie de la Cour. Quatre mois plus tard, MoliĂšre et sa troupe jouent en effet cette premiĂšre version du Tartuffe au chĂąteau de Villers-CotterĂȘts devant le roi.
DĂCADENCE ET RENAISSANCE
Des fastes royaux aux mendiants
Les turbulences de la RĂ©volution sonnent le glas de la gloire du chĂąteau, saisi comme bien national en 1790. Lâhistoire sâaccĂ©lĂšre alors, et les dĂ©molitions avec.
Une caserne de lâarmĂ©e rĂ©publicaine sây installe briĂšvement en 1789, puis un dĂ©pĂŽt de mendicitĂ© en 1808 pour les indigents du dĂ©partement de la Seine, qui recouvre Ă lâĂ©poque une petite partie de lâĂle-de-France actuelle (Paris et les communes avoisinantes dans un rayon dâune dizaine de kilomĂštres).
Afin d’accueillir jusquâĂ 1800 reclus, des travaux sont ordonnĂ©s et dĂ©graderont une partie de lâarchitecture fastueuse dâantan.
RĂ©fectoire, infirmerie et dortoirs sont amĂ©nagĂ©s, comme le dortoir des hommes dans lâancien thĂ©Ăątre de Louis-Philippe, ou celui des femmes infirmes dans lâancienne chapelle royale. Les murs sont abattus pour obtenir des salles vastes afin de faciliter la surveillance. De mĂȘme, des barreaux et des grillages sont fixĂ©s aux fenĂȘtres pour dĂ©courager les fuyards et Ă©viter les accidents.
Le chĂąteau deviendra ensuite une maison de retraite de 1889 Ă 2014.
Un chùteau miraculé de la Grande Guerre
Villers-CotterĂȘts est aux premiĂšres loges Ă la dĂ©claration de la PremiĂšre Guerre mondiale. Proche du front, la ville est investie par le service de santĂ© des armĂ©es qui installe un hĂŽpital militaire dans lâancien chĂąteau royal et dans son parc. Le 18 juillet 1918, lâartillerie tonne. Nous sommes au cĆur de la seconde bataille de la Marne.
Tapis dans la forĂȘt de Retz, les AlliĂ©s dĂ©cident dâattaquer la contre-offensive allemande aprĂšs leur dĂ©faite au Chemin des Dames, depuis Villers-CotterĂȘts avec la 10Ăšme armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Mangin.
Dans cet affrontement fĂ©roce, le chĂąteau sort quasiment indemne si ce nâest son aile occidentale en partie dĂ©truite et sa toiture endommagĂ©e par les impacts dâobus. Le document des dommages de guerre ne mentionne que quelques vitres cassĂ©es, une poignĂ©e dâampoules manquantes, lâarrachement dâune lucarne au deuxiĂšme Ă©tage et la destruction du plafond du couloir devant la chapelle.
Un nouvel avenir pour le chĂąteau
Selon les souhaits du PrĂ©sident de la RĂ©publique Emmanuel Macron, le monument devient, au terme dâune campagne de restauration de grande ampleur, la CitĂ© internationale de la langue française.
AffectĂ©e au Centre des monuments nationaux qui gĂšre une centaine de monuments partout en France, la CitĂ© dispose d’un parcours de visite permanent qui invite Ă un voyage Ă travers la langue française et la francophonie.
Ouvert Ă tous, le lieu est animĂ© par une programmation pluridisciplinaire dâexpositions et de spectacles.
Des artistes, chercheurs et entrepreneurs sont accueillis en rĂ©sidence, Ă cĂŽtĂ© dâactivitĂ©s de formation et de sensibilisation au français, dâateliers pĂ©dagogiques et dâun « laboratoire » de recherche et dâinnovation sur les enjeux linguistiques.
SOUVENIR DU CHĂTEAU AVANT RESTAURATION
Envie de dĂ©couvrir le chĂąteau tel qu’il Ă©tait avant le dĂ©but des travaux de restauration ? Suivez le YouTubeur Mamytwink dans son exploration nocturne au cĆur du monument, en janvier 2020 !
le Centre des monuments nationaux #LaGĂ©nĂ©rositĂ©Naturelle #HautsdeFrance. Office de Tourisme de Retz en ValoisJ. ‘M L’Aisne. RĂ©gion Hauts-de-France