En cette matinée nous sommes loin du Pâquier pour rendre hommage aux hommes du 27e bataillon de chasseurs alpins, mais ce promontoire du Chemin des Dames où s’élève leur monument est tout aussi symbolique.
Car c’est sur ce plateau que s’écrivirent les plus belles pages de gloire de ce bataillon, qui porte encore inscrit en lettres d’or, dans les plis de son fanion, les noms de Chemin des Dames et de la Malmaison.
La Première Guerre mondiale fut en effet marquante pour notre territoire, où 511 hommes du 27e BCA tombèrent entre 1914 et 1918 au cours d’intenses combats, et leur mémoire résonne encore du plateau de Californie jusqu’à l’éperon de Pargny-Filain où ils se couvrirent de gloire en 1917.
Mais si ces tranchées pouvaient parler, elles nous raconteraient aussi les combats et le crépitement des mitraillettes allemandes dans les pentes de Braye-en-Laonnois, et le courage des chasseurs alpins qui, assaillis et débordés de toutes parts, offrirent une résistance acharnée et désespérée pour repousser l’invasion du 5 au 7 juin 1940.
Elles nous raconteraient l’héroïsme des hommes du lieutenant Romieu qui, en dignes héritiers d’Albert Roche, dans un paysage encore marqué par les obus non éclatés et les fils de fer barbelés rongés par la rouille, luttèrent jusqu’à la mort au milieu des tranchées de leurs pères.
🇫🇷 132 chasseurs du 27e BCA tombèrent en 1940 pour la défense du territoire national, dont 78 dans l’Aisne, c’est donc à nous qu’il appartient de faire en sorte que leur sacrifice, au même titre que celui de leurs aînés, ne restent pas anonyme, et que les noms des hommes qui tombèrent ici, et qui reposent encore pour beaucoup à Soupir, ne sombrent pas dans l’oubli.
Il en va de notre responsabilité, et avoir conscience de cette responsabilité est au cœur de notre identité collective dans le département de l’Aisne.
Aussi, au nom du Conseil départemental de l’Aisne et au nom du Conseil Régional des Hauts-de-France, permettez-moi de m’incliner devant ce monument aux combattants du 27e bataillon de chasseurs alpins qui tombèrent sur ce plateau lors des deux derniers conflits mondiaux.
Permettez-moi également de remercier Madame Françoise PILLOY, maire de Braye-en-Laonnois, ainsi que l’ensemble du Conseil municipal, pour cette cérémonie, et pour œuvrer chaque année afin que le souvenir des hommes du 27e BCA tombés en ces lieux rejaillisse du passé.
« L’ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent, elle compromet dans le présent, l’action même », nous a enseigné l’historien Marc Bloch. Aujourd’hui, en ces lieux, n’ignorons pas le sacrifice fait par ses hommes pour la défense de notre pays.
Car la mémoire du passé est toujours menacée par l’oubli, et avec le temps, même les derniers impacts de balles que l’on distingue encore parfois sur les murs de nos communes, derniers témoins de la violence des combats de juin 1940, se poliront et disparaitront si l’on n’y prend pas garde. La mémoire, tout comme la pierre, s’érode aussi, malheureusement.
Conscient de cette fragilité, le Conseil départemental de l’Aisne s’est investi pleinement dans les commémorations du 80e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale et a montré sa détermination en érigeant un mémorial aux combattants de l’armée française tombés dans l’Aisne en 1940 à Montcornet.
Dans cette continuité, le Département de l’Aisne est également fier d’entreprendre la constitution d’un circuit mémoriel qui permettra de valoriser des sites comme celui du monument du 27e BCA.
Car à l’heure où l’Europe connait de nombreuses tensions, que la guerre est à ses portes, il est plus que jamais important de nous retrouver ici et de nous rappeler notre Histoire, car c’est elle qui doit éclairer le chemin que nous emprunterons demain.
La transmettre, l’enseigner, c’est tenter de faire en sorte que ce qui a causé la guerre ne se reproduise plus. C’est un défi auquel nous devons nous attacher, mais aussi un devoir, afin que notre jeunesse comprenne notre passé, chérisse la paix que l’Europe nous a apporté, et soit la gardienne vigilante de ses valeurs.